Articles pour NZASSA 16 / MARS 2025_EDITION SPECIALE
SOMMAIRE MARS 2025_EDITION SPECIALE
1. Développement local dans le contexte des changements climatiques en Côte d’Ivoire: Cas d’Abidjan et du département de Bouaké
Le changement climatique constitue aujourd’hui l’un des défis majeurs auxquels sont confrontées les sociétés contemporaines, tant au niveau mondial que local. Dans ce contexte, le développement local apparaît comme une réponse stratégique face à la complexité des défis environnementaux. Cette étude a pour objectif d’identifier les acteurs locaux et leurs pratiques dans la lutte contre les changements climatiques. Dans une approche qualitative ayant privilégié les entretiens individuels, complétés par des données secondaires et une observation directe, il ressort que la faiblesse des capacités institutionnelles – marquée par un manque de personnel qualifié, des ressources financières limitées et des outils de suivi obsolètes – freine l’application des lois environnementales. L’absence de sanctions dissuasives et d’incitations fiscales pour les acteurs engagés dans des pratiques responsables empêche l’émergence d’une économie verte. À Abidjan, les inondations récurrentes exigent des mesures d’urbanisme adaptées, tandis qu’à Bouaké, les priorités portent sur la lutte contre la désertification.
KRA Kouakou Valentin
2. Adaptations socio-environnementales chez les Kyaman : réinvention des pratiques genrées et dynamiques écologiques dans le contexte urbain Abidjanais
Dans cette étude, nous examinons comment la substitution urbaine compromet lespace vital et identitaire des autochtones, entraînant une réinvention de leur écologie humaine. La réflexion se concentre sur la réinvention des rôles genrés face à labsence de terres cultivables et à la détérioration du biotope et de la biocénose. Autrefois ancrées dans une écologie traditionnelle, les pratiques sociales genrées des Kyaman ont évolué vers une inaction environnementale. Malgré une apparente domination masculine dans la régulation foncière, les femmes occupent une place cruciale dans léconomie communautaire. Cette dynamique socio-environnementale est analysée à travers la théorie des systèmes socio-écologiques, mettant en lumière les interactions complexes entre les changements climatiques et les comportements humains chez les Kyaman.
ADOU Paul Venance
3. Orpaillage illégal et dynamique foncière à Sran-Bélakro dans le centre de la Côte d’Ivoire: vers des logiques d’occupation foncière illicite?
L’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire constitue une menace malgré les mesures de répression mises en place par l’État. Plusieurs régions sont victimes de ce fléau de manière générale et spécifiquement la localité de Sran-Bélakro, dans le centre du pays. Débuté à la faveur de la crise socio-post-électorale de 2010, l’orpaillage illégal s’est implanté durablement dans cette localité et a induit des dynamiques nouvelles autour du foncier. À travers une étude de cas, l’objectif de cette communication est de comprendre, dans une posture socio-anthropologique, les arrangements fonciers autour de l’orpaillage dans la localité de Sran Bélakro. L’approche est essentiellement qualitative. Les données ont été collectées à partir d’entretiens semi-directifs réalisés auprès de chefs de villages, de chefs de terre et d’orpailleurs complétées par des données secondaires. Les résultats révèlent que l’orpaillage illégal à Sran-Bélakro ne renvoie pas à des logiques d’occupations foncières illicites parce que depuis la phase initiale d’ouverture des sites d’exploitations, l’accès aux terres est autorisé soit par des détenteurs de droits coutumiers ou d’autres membres de leurs familles. Ces transferts fonciers ont cependant suscité divers conflits : intrafamiliaux, entre exploitants orpailleurs et cédant des terres, entre détenteurs de droits coutumiers.
ASSAH Gôwé Yannick Fleure - SORO Débégnoun Marcelline
4. Pratiques agroforestières et représentations sociales face au changement climatique dans la Commune de Dano au Burkina Faso
Cette étude analyse linfluence des représentations sociales, des perceptions environnementales sur ladoption des pratiques agroforestières face aux effets du changement climatique dans la commune de Dano, au Burkina Faso. En s’appuyant sur des entretiens semi-directifs et des observations de terrain, elle vise à comprendre les facteurs favorisant la réhabilitation de ces pratiques dans cette localité. Traditionnellement caractérisée par les parcs agroforestiers, lagroforesterie a, aujourdhui, évolué vers une forme hybride sous l’impulsion des organisations non gouvernementales, associations de développement et services techniques déconcentrés de lÉtat. Les résultats montrent que des innovations comme les cordons pierreux végétalisés, la Régénération naturelle assistée (RNA) et les jardins nutritifs, ont favorisé un regain dintérêt de ces pratiques chez les agriculteurs. Les hommes apprécient les bénéfices agroécologiques, tandis que les femmes se concentrent davantage sur les gains socio-économiques offerts par lagroforesterie améliorée. Malgré ces avantages, des contraintes limitent encore la diffusion et l’adoption massive de ces pratiques.
BAMBARA Jean Charles - KABORÉ Ramané
5. Impacts des changements climatiques et stratégies d’adaptation des femmes de la Commune rurale de Koubri (Burkina Faso)
Les changements climatiques impactent durablement la vie des populations vulnérables notamment les femmes, fortement dépendantes des ressources sensibles au climat. Les femmes de la Commune rurale de Koubri en plus de subir les conséquences des changements climatiques, connaissent une rareté foncière engendrée par la marchandisation des terres cultivables de la Commune. Cette étude a pour objectif d’explorer les stratégies d’accès au foncier et d’adaptation aux changements climatiques mises en œuvre par les femmes de Koubri. Elle privilégie la méthode qualitative à travers des entretiens individuels auprès des femmes agricultrices de la ladite commune. Il ressort que les femmes formulent des demandes de prêts de lopin de terre auprès des acquéreurs fonciers et de location des terres dans les bas-fonds. Pour faire face aux changements climatiques, l’adoption des cordons pierreux, l’approfondissement des planches, l’alternance des cultures et l’utilisation des pesticides naturels constituent les techniques endogènes utilisées pour maximiser leurs productions.
SAWADOGO Bee Nékre Wend-Yam Elody - KABORÉ Ramané
6. La nouvelle dynamique de l’hévéaculture dans le sud-ouest ivoirien: un enjeu économique certain aux risques d’insécurité considérables
La filière hévéicole connaît depuis plus d’une décennie une explosion notoire dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Autrefois capitale du cacao, cette zone est soumise à une transition de la cacaoyère vers l’hévéaculture. Cet article analyse les motivations de la nouvelle dynamique autour de la culture de l’hévéa et les potentiels risques d’insécurité émanant de cette transformation des systèmes culturaux. L’étude a privilégié une recherche qualitative basée sur une approche compréhensive des motivations paysannes. Les résultats ont été produits sur la base des entretiens individuels complétés par des données secondaires et une observation directe. Ils mettent en évidence que la faible performance de la cacaoyère provoquée par la pression parasitaire et les conditions climatiques défavorables a favorisé l’adoption de l’hévéa en guise culture alternative. Cette transition vers l’hévéaculture témoigne d’une décision stratégique pour s’adapter aux défis désormais nombreux auxquels sont confrontés les producteurs de cacao. L’intérêt économique de l’hévéa a favorisé l’extension des superficies cultivées en réduisant considérablement les terres pour l’agriculture d’autosubsistance. Parallèlement à ces pratiques dévoreuses d’espace, il s’observe une insécurité alimentaire et des relations conflictuelles dans les rapports socio-fonciers entre l’autochtonie et les migrants ayant acquis des terres à travers des arrangements locaux.
KOUASSI Koffi Moïse
7. Vulnérabilité des plantations cacaoyères face au changement climatique et aux pratiques culturales paysannes et stratégies d’adaptation des populations de Dédiafla (centre ouest de la Côte d’Ivoire)
La terre joue un rôle crucial dans la vie sociale et économique des populations rurales en Côte dIvoire, particulièrement avec la valorisation des cultures coloniales comme le cacao, dont le pays est le premier producteur mondial. Cependant, les pratiques agricoles traditionnelles, ont impacté négativement le couvert forestier et favorisé la multiplication des ravageurs du cacao. Cette étude mixte analyse limpact des pratiques agricoles sur lenvironnement local et la durabilité des plantations. Un guide d’entretien, un questionnaire et une observation directe ont permis de collecter les données auprès des cacaoculteurs et autres acteurs impliqués. Les résultats montrent que les pratiques agricoles extensives ont réduit les terres cultivables et détérioré les conditions écologiques, tout en favorisant la propagation de ravageurs comme le swollen shoot dans les plantations. En guise d’alternative, les producteurs développent des stratégies d’adaptation et de replantation.
OUROU Younéloué Amandine
8. Contraintes endogènes des pratiques agricoles et dynamiques locales face aux changements climatiques à Plibo dans la région du Gbêkê
Cette étude explore les défis que rencontrent les agriculteurs de Plibo, en Côte dIvoire, face aux changements climatiques. Elle identifie les contraintes liées aux pratiques agricoles traditionnelles et leur capacité d’adaptation, tout en prenant en compte les dynamiques socio-économiques locales. Basée sur une étude qualitative réalisée au travers d’interview auprès des agriculteurs, la recherche identifie des barrières significatives telles que l’accès limité aux ressources et les pratiques inadaptées pour surmonter les défis. L’étude propose ainsi une solution combinant savoirs traditionnels et innovations modernes pour améliorer la résilience et la sécurité alimentaire des communautés de Plibo. Lobjectif est une adoption durable et efficace face aux changements climatiques.
N’GUESSAN Aménan Kan Delphine Epouse BREDOU - KOUASSI Kouadio Edouard
9. Stratégies de restauration de l’environnement dans la commune rurale de Komsilga au Burkina Faso
Les actions humaines affectent l’environnement positivement ou négativement (E. Greenfield, 2024). Nous avons vu, en peu de décennies, des forêts et des champs disparaître dans la commune rurale de Komsilga, située à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale politique du Burkina Faso, en faveur d’habitations humaines : maisons et autres buildings. À partir d’une méthodologie qualitative nous avons mobilisé des données de terrain permettant de répondre à la question principale de recherche à savoir, comment des stratégies ont-elles contribuées à la restauration environnementale dans la commune rurale de Komsilaga ? Les résultats témoignent que les actions humaines doivent être accompagnées de politique environnementale. Compte tenu des effets positifs, les résultats de cette étude soutiennent la mise en œuvre d’une stratégie d’actions innovatrices peut sauver, protéger et entretenir ce qui rend la vie possible et agréable.
KABRE Abel - YERBANGA Lambert
10. Approches endogènes de promotion de l’agroécologie au Burkina Faso : Perceptions, défis et opportunités
Cet article examine les perceptions en lien avec les pratiques agricoles traditionnelles et l’agroécologie. La problématique réside dans le comment les pratiques agricoles profondément enracinées dans le socle socio-culturel local sont mobilisables pour promouvoir une agroécologie durable et inclusive. Une méthodologie mixte de recherche conduite auprès de producteurs agricoles et de personnes ressources clés a couvert deux zones géographiques, différentes par l’importance de réseaux d’organisations paysannes y intervenant. Les résultats montrent que si de nombreuses pratiques traditionnelles sont intrinsèquement en lien avec les principes agroécologiques, certains agriculteurs, n’ayant pas d’appartenance aux réseaux d’organisations paysannes n’en ont pas conscience. Auprès de cette catégorie, l’adoption des technologies innovantes sur l’AE est minimale. Par contre, les agriculteurs membres de réseaux d’organisation de producteurs (OP) maîtrisent le concept et adoptent une gamme variée de technologies innovantes. Cette dynamique est surtout favorisée par les pairs dont les OP maitrisent les approches, celles adaptées au milieu socio-culturel pour ancrer durablement les pratiques agroécologiques.
TOUGRI Kayabila - KOURAOGO Patrice
11. Changement climatique, sécurité alimentaire et résilience des agriculteurs dans la Région du Poro (Nord de la Côte d’Ivoire)
L’agriculture occupe une place de choix dans l’économie et dans le développement de la Côte d’Ivoire. Elle emploie 60% de la population active et participe à hauteur de 40 % au PIB ivoirien. Dans la région du Poro, l’agriculture emploie 97,87% de la population totale (H. Ducroquet, 2017, p. 5). Toutefois, la dépendance de cette activité des conditions climatiques influence la sécurité alimentaire de la région. La présente étude se propose d’analyser les stratégies développées par les producteurs pour faire face aux changements climatiques afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Pour se faire, la recherche documentaire et l’enquête de terrain ont été adoptées comme méthodologie de recherche. L’enquête s’est déroulée dans 25 villages de la région du Poro auprès de 518 paysans. Les résultats ont révélé que les changements climatiques dans la région du Poro se manifestent par une instabilité des régimes pluviométriques et la hausse des températures. En effet, les précipitations sont passées de 1200 mm en 1970 à 936 mm en 2019. Quant aux températures elles sont passées d’une moyenne annuelle de 29°C en 1990 à 47,3°C en 2020. Cette situation a un impact négatif sur les productions vivrières, gage de la sécurité alimentaire. Les réponses apportées par les populations sont la modification du calendrier agricole, la reconversion à travers la pratique de l’élevage et des cultures maraîchères pour assurer leur sécurité alimentaire.
SILUE Katienefowa Adèle - KOFFI Simplice Yao
12. Dérèglements climatiques et ville de Cotonou : quelles perspectives avec les mesures publiques d’adaptation ?
Des phénomènes météorologiques extrêmes à Cotonou sont à l’origine de la destruction des infrastructures sociocommunautaires, de vulnérabilité, de lourds investissements. Les pouvoirs publics développent des stratégies d’adaptation. Cette étude vise à analyser les contraintes des mesures préconisées, leur efficacité résiliente et durabilité. Quelles sont les perspectives de ces stratégies publiques ? Des données climatiques et socioéconomiques ont été collectées grâce à une recherche documentaire, des enquêtes par questionnaire, observations, entretiens avec 145 personnes, un échantillon représentatif constitué grâce au protocole de Schwartz et au choix raisonné. Des infrastructures et mesures publiques résilientes ont été mises en œuvre : aménagement de 34 bassins-versants, de collecteurs et caniveaux, 49 km de rues pavées, acquisition des équipements de gestion des déchets. Pour 51,8% des personnes interrogées, l’exécution des projets a réduit l’ampleur des dégâts. Les caractères imprévisibles des risques climatiques sont des facteurs limitants de l’efficacité des mesures. L’éthique climatique est la solution. Mots clés : Cotonou - Risques climatiques –
MAKPONSE Makpondéou
13. Stratégies d’adaptation aux changements climatiques et sécurité alimentaire dans la région Nord au Burkina Faso
Les producteurs de la Région du Nord du Burkina Faso comptabilisent de longues années de lutte contre les perturbations pluviométriques. Après plusieurs années, une enquête a été conduite pour apprécier le rapport entre l’adoption des stratégies d’adaptation aux changements climatiques et l’insécurité alimentaire. Les données collectées ont été analysées en utilisant une régression logistique pour identifier les déterminants de l’insécurité alimentaire. Les résultats montrent que l’insécurité alimentaire reste un défi dans la région au regard de la forte proportion des ménages affectés (92,6%). Ils ont aussi que la pratique de la régénération Naturelle Assistée, de l’embouche et du semis précoce a entrainé une augmentation de la probabilité de la sécurité alimentaire respectivement de 0,38, 0,46 et de 0,54 unité. Aux vues de ces résultats, des actions doivent être entreprises pour soutenir ces pratiques qui sécurisent la production et créent des revenus nécessaires à l’achat des denrées alimentaires.